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Miss Lili's adventures

Mes contes (attention, ceux présentés ici ne sont pas destinés aux tout-petits, bien que certains soient adaptés), coups de coeur, découvertes, chroniques de sexytude (ce qui nous fait craquer, ce qui rend l'autre attirant). Bonne lecture !

La Maison Brouillard (1)

Publié le 20 Juillet 2019 par misslilisadventures in Contes de sang et d'os

C'est la fin de l'été

Elle remonte le chemin

Le ciel bas et lourd

Présage de la pluie

Il fait sombre

En plein midi.

Elle hâte le pas. 

Ça doit être l'émotion

Ça fait flou par endroit

On dirait des lambeaux de brume 

Qui s'accrochent aux fenêtres,

À la cheminée,

Au pied de la porte...

Elle entre. 

Gardien silencieux

L'ours s'est figé la patte en l'air face à la porte.

Ça sent les pâtes,

Les échalotes au beurre,

La colle a papier peint. 

Dans l'évier, un verre avec 

Un fond de bière séché. 

Du bout des doigts 

Elle suit le mur jusqu'à la porte de la chambre

En cherche la poignée. 

 

Un flot de brouillard

Déferle sur elle, 

Il s'écoule du tableau en un flot sombre, 

Il déborde la cheminée,

Les fenêtres,

La porte.

Il dévore le paysage,

Les arbres,

Le chemin...

C'est un froid

Qui s'infiltre jusqu'à l'os. 

Dehors, tout a disparu

Derrière un mur opaque. 

Elle referme la porte

Mais c'est déjà trop tard. 

Elle a vu ce qu'elle ne voulait pas voir. 

Le brouillard a tout absorbé,

Le lit, le secrétaire,

L'armoire, le valet de lit,

La table de nuit,

Il reste la boîte à couture

Posée sur la cheminée

À côté de la baba et du bilboquet avec son fil raccourci 

Pour qu'elle puisse en faire

Sans risquer de s'assommer.

La maison semble abandonnée

Mais elle sent encore la vie.

Elle entre prendre les trois objets

Et referme la porte sans se retourner. 

C'est comme un déménagement qui aurait perdu l'essentiel,

Elle. 

Elle est nulle part et partout à la fois,

Sur le verre où se sont posées ses lèvres,

Dans la poêle où elle a fait revenir les rognons,

Sur le banc où elle s'est assise,

Dans cette boîte à couture 

Dont elle a longuement manipulé chaque objet...

L'horloge s'est arrêtée.

Elle est partie avec la clef.  

 

C'est tellement vide 

C'est tellement froid

Ya plus de chemin...

Elle se réfugie dans l'atelier,

Avec les pinceaux,

Les pots de pigments 

Alignés sous les fenêtres,

La boîte de clous tapissiers dorés.

Elle monte une toile sur un châssis,

Elle peint le vent,

Elle peint la tempête,

Elle peint quelque chose

Capable de dégager 

Cette saloperie de brouillard ! 

... mais elle se demande 

Si ça ne serait pas pire

De voir briller le soleil

Sur tout ce vide. 

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