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Miss Lili's adventures

Mes contes (attention, ceux présentés ici ne sont pas destinés aux tout-petits, bien que certains soient adaptés), coups de coeur, découvertes, chroniques de sexytude (ce qui nous fait craquer, ce qui rend l'autre attirant). Bonne lecture !

Jour 2 : La Princesse Endormie

Publié le 8 Décembre 2019 par misslilisadventures in Avent des Princesses & Dragons

Il était une fois une belle princesse endormie depuis 100 ans. Enfin presque. Ça les fera aujourd'hui tout à l'heure. Il y a presque 100 ans, elle s'est piqué le doigt sur le fuseau d'un rouet et en serait morte si la dernière de ses marraines n'avait pas adoucit le sort en sommeil de 100 ans. 
Et donc c'est son anniversaire. Elle va avoir 115 ans. 


L'histoire de la princesse endormie le jour de ses 15 ans est connue de tous dans la région et chaque année on célèbre une fête durant laquelle on confectionne un grand lit qu'on fait défiler dans toute la ville avant de le brûler et de festoyer. 


Albin va avoir 15 ans. Il aime beaucoup cuisiner, tout particulièrement les gâteaux. Ça tombe bien. Ça va faire 100 ans. La princesse endormie aura sûrement faim en se réveillant après si longtemps ! Le souci c'est qu'avec la fête, sa mère a utilisé toute la farine. Il ne lui reste que le pain sec de la semaine. Tant pis. Il fait tremper le pain dans du lait, il ajoute des œufs, de la mélasse au fond du plat (sa mère a aussi utilisé le sucre) et des morceaux d'orange confite au lieu des pruneaux de la recette originale. Il craint que l'appareil ne soit trop sec. Il aurait peut-être dû mettre plus de lait... ça risque de se défaire au moment de le découper. En chemin, il continue de douter... et si le mélange mélasse-orange confite n'était pas bon ? Il en découpe un petit bout pour vérifier. Ça va...


Et si elle trouvait le goût de la mélasse trop fort ? Elle n'est peut-être pas habituée. Il regoûte un petit bout... c'est aussi fort que du caramel bien bruni. Ça devrait aller. 


Pfffiu... ce qu'il est loin ce château ! Ces petits bouts de gâteau l'ont mis en appétit ! Allez, il s'en coupe une belle part. Il lui dira qu'il en a offert à sa mère. Rassasié, il repart... 


Mais voilà que le doute le reprend. Et si elle préférait le citron ? Une princesse ça peut avoir des goûts peu communs. Ça l'angoisse... et quand il est angoissé, ça lui donne faim. Alors, il se recoupe une part de gâteau. Il dira que son petit frère en a voulu aussi.


Et le voilà en chemin. Il ne fait pas 100 mètres que revoilà ses angoisses. À force de se dépêcher, il est en sueur. Il a peur de sentir mauvais en arrivant. Il ralentit. Au bout d'une heure, il a encore faim et les tours du château semblent toujours aussi loin. Il se recoupe une part. Il dira que sa petite sœur en a voulu aussi et qu'il n'a pas osé le lui refuser. 


Et revoilà son doute. Et s'il arrivait trop tard et qu'elle était déjà réveillée ? Il accélère le pas et pour ne pas trop suer, il ôte son manteau et son gilet. Ça n'est pas très pratique. Il commence vite à avoir des crampes. Il doit sans cesse faire des pauses pour échanger gâteau et vêtement... et s'il mangeait un morceau de gâteau, ça allégerait un peu ? Il dira qu'il en a sacrifié une part à un horrible chien à la gueule pleine de crocs qui refusait de le laisser passer. 


Enfin, il lui semble que le château commence à se rapprocher, mais il est épuisé. Il a vraiment besoin de faire une petite sieste. Il s'allonge sous un arbre et se met à ronfler. Attirés par ce bruit, de petits oiseaux viennent y regarder de plus près. Il sent rudement bon ce sac... ils se glissent à l'intérieur et dévorent une part de gâteau avant qu'il n'ait le temps de se réveiller. Il est fort déconfit en découvrant le carnage. Des plumes collées au plat... et une part toute picorée sur les bords : voilà ce qui reste de son beau gâteau. Il dira... oh, il n'a plus trop le cœur à trouver d'excuse.

Il avance machinalement et le voilà devant les portes du château qui s'ouvrent toutes grandes pour le laisser passer. Il grimpe de larges escaliers. Ses pas résonnent dans le silence. C'est très intimidant. 
Il ouvre les portes des salles les unes après les autres... Elles sont toutes vides.  Au beau milieu de la salle de bal, il se retrouve nez à museau avec un énorme dragon. Il entrouvre un œil sombre (il est à moitié réveillé autrement ses yeux flamboient. C'est pratique pour voler la nuit... mais pas quand il veut passer inaperçu). «Il sent bon ce gâteau !» gronde-t-il de sa grosse voix. 
«Ouiiiii ! Vous trouvez ? Ça me fait drôlement plaisir. J'en ai justement ramené une part exprès pour vous !» Il lui tend le plat, et prend ses jambes à son cou. Il s'engouffre dans une petite porte dans un coin, trop étroite pour que le dragon puisse le suivre. 


Il grimpe un escalier en colimaçon. Ça lui donne le tournis. Il n'a jamais aimé les jeux qui font tourner, ni les danses qui tournent... ni... beuuuuh... il n'aurait pas dû manger autant de gâteau. 


Heureusement, il arrive dans une petite chambre très coquette pleine de toiles d'araignées. Sur le lit repose une belle princesse de 115 ans. Comme elle n'a pas beaucoup souri dans sa vie, elle n'est presque pas ridée. Elle ne fait pas plus de 65 ans. Et puis, c'est une princesse, et il n'est que roturier. Dans les livres de contes, on raconte que quand la princesse se réveille, elle s'extasie «Oh ! Mon prince !» et tombe amoureuse de l'homme en face d'elle. Un peu comme un poussin prend pour sa mère le premier être vivant qu'il voit en sortant de son œuf. 


La voilà qui se réveille, s'étire en faisant craquer sa vieille royale carcasse un peu rouillée depuis le temps. Elle se redresse. Il n'a pas remarqué. Il est en train de découvrir le premier rouet de sa vie. 
«Oh ! Mon prince ! S'exclame-t-elle. Nooon NE TOUCHEZ PAS À LA QUENOUILLE !» 


Trop tard. Elle n'a pas fini sa phrase qu'il ronfle déjà. Elle se repique le doigt à son tour. À son réveil il aura 115 ans et elle 215. Passé un certain âge, qu'importe la différence. L'important, c'est de s'aimer ! 


 

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